TECTONIQUE ET MICROTECTONIQUE ALPINE
(Région de Bourg d’Oisans)

Lundi 9 mai 2011.
Journée conduite par le Professeur Georges Mascle.

Itinéraire : Vizille, La Paute, route d’Oulles , Huez, route de Villard-Reculas, Huez, Auris (par Armentier), lac du Chambon, Mizoën, route du Plateau d’Emparis, lac du Chambon, Mont-de-Lans, retour Vizille.
Cartes : Carte Top 25, IGN 3335 ET. Cartes géologiques BRGM Vizille 797 & La Grave 798.

Généralités.
La région étudiée appartient à l’Arc Alpin, zone externe, caractérisée par des massifs cristallins recouverts d’une enveloppe sédimentaire trias ou jurassique. L’objectif de la journée était la caractérisation des contraintes subies par les roches au cours de la tectonique alpine (entre autres). Ces contraintes sont nées en particulier avec le rifting de l’océan liguro-piémontais au Jurassique, suivie de périodes de sédimentations et de métamorphismes aux Crétacé et Paléocène, puis de la fermeture de cet océan et de la collision alpine qui se poursuit. Des contraintes antérieures, ont très bien pu rejouer.
Avant de partir sur le terrain, G. Mascle présente les différentes notions de la tectonique qui pourront être illustrées : la déformation de la roche sous l’effet de contraintes suivant les axes X,Y,Z, relativement complexe, mais qui peut se résumer à deux cas simples, l’aplatissement pur où un cercle de contraintes devient une ellipse, et le cisaillement simple où un cercle devient une ellipse « couchée » ou distordue, c'est-à-dire ayant subi une rotation. Après rappel des notions de stratifications et de plis, G. Mascle aborde les termes de schistosité (feuilletage acquis sous l’influence des contraintes) et de linéation qui correspond le plus souvent à des structures acquises au cours de mouvements d’étirement, de recristallisation ou de déformations ultérieures de la roche.
Toutes ces notions liées à l’examen des plis et des pendages ont été étudiées en géologie générale ; le « Dictionnaire de géologie, A. Foucault & J.F. Raoult », entre autres, en précise les définitions accompagnées de schémas.

Arrêts sur le terrain

  1. Prégentil. Du hameau de La Paute on examine, pratiquement sud, les grands plis caractéristiques de Prégentil dans le Jurassique Inférieur (Lias). On remarque de grandes failles et, en particulier un faille normale proche de l’arête du sommet. Les plis sont très serrés vers le NW ce qui est un indicateur de fort raccourcissement NW SE.
  2. Route d’Oulles. Examen des schistosités et des linéations dans le secteur de l’anticlinal d’Oulles d’axe N20 plongeant de 30° vers le sud. A l’endroit de l’arrêt les flancs sont subverticaux. La linéation est parallèle à l’axe du pli, elle peut s’observer à la faveur de quelques bélemnites étirées récoltées dans les bancs épais et dont les rostres sont séparés par de la calcite. Ces bélemnites ne semblent pas avoir été tronçonnées, ce qui signifie qu’elles se sont trouvées dans  un régime de déformation simple sans cisaillement. Par contre, la présence de nombreuses petites failles remplies de calcite (ou de quartz) laissent penser qu’il y a eu des cisaillements ultérieurs au niveau des plis secondaires qui affectent les flancs de l’anticlinal. On peut observer aussi des « ombres de pression » autour d’inclusions de cristaux de pyrite eux-mêmes déformés. Ces ombres (ou vides laissés par le cristal qui se déforme suivant une direction précise) sont remplies de calcite ou de quartz. Là encore on peut caractériser la linéation.
  3. Route de Villard-Reculas. L’affleurement d’un flanc du pli observé fait face à celui d’Oulles. Les schistosités dans les différents bancs rencontrés le long de la route se présentent avec des angles très différents (30°, 15°, 45°), ce qui signifie qu’il y a eu des plissements secondaires successifs complexes caractérisés par des plis en fourreau, et que le secteur a été plus tourmenté que le secteur d’Oulles. La dispersion des schistosités où l’on a pu en remarquer deux familles de schistosités orthogonales que l’on appellera S1 et S2 fait que l’on trouve des structures en « frites » dans un talus qui se délite facilement. Cette route est un excellent observatoire face au secteur de Villard-Notre-Dame avec ses sommets, le Grand Renaud et le Rochail : socle (bloc basculé), Trias (avec dolomie triasique), Lias puis falaises tithoniques.
  4. Mizoën. Route du Plateau d’Emparis. On rejoint Mizoën par la route en corniche qui passe au-dessus des Rochers d’Armentier formés par des blocs du socle et qui ont été basculés lors de l’ouverture océanique puis qui ont eu une première couverture triasique relativement érodée, puis liasique fortement plissée. En s’élevant au-dessus de Mizoën, après avoir traversé le Lias, on fait un arrêt le long des talus marno-calcaire du Dogger où l’on renouvelle les observations faites en 3.
  5. Mont-de-Lans. Partant du barrage du Chambon on s’élève jusqu’à l’entrée du village du Mont de Lans. De là on parcourt les talus marno-calcaires (Dogger) qui dénotent un secteur particulièrement déformé illustré par des couches peu épaisses, des fractures et de nombreux cisaillements. Un pli couché affleure ainsi qu’un plan de cisaillement plus important, orienté N.  La schistosité est générale, les diaclases sont nombreuses. On retrouve quelques plis en fourreau, comme au cours de l’arrêt 3.
  6. Affleurement du barrage du Chambon. Avant de repartir sur Vizille, un arrêt « privatif » a été effectué dans une ancienne carrière (maintenant complètement fermée et occupée par un élevage de chevaux) pour y observer une succession d’affleurements à pendage N 20 60 E : socle (sur lequel s’appuie le barrage), Carbonifère, Trias, Lias.

Nota. Les descriptions ci-dessus relativement limitées pourront être approfondies en se connectant sur le site de Maurice Gidon : www.geol-alp.com.

                                                                                             Rédaction : Désiré Corneloup
 

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